Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Koamae's many moods

25 décembre 2014

"Father Christmas" - The Kinks, 1977

the-kinks-father-christmas-arista

1977 est une année charnière pour le rock anglais. C'est l'année de l'explosion punk, des Sex Pistols, du premier Clash... 1977 est aussi, comme un symbole, l'année du nouveau départ des Kinks. Symbolique, car, quoi de plus British dans l'âme que le groupe de Ray Davies ? Pourtant, à l'époque, cela fait quelques années déjà que plus personne en Angleterre n'en a rien à carrer. Les Kinks sont un symbole du passé, un autre temps évaporé avec la fin des Beatles en 1970. Les Who et les Stones ont survécu au passage des seventies, ayant su américaniser leur musique avec succès, ce qui leur a permis non seulement de conquérir l'outre-Atlantique, mais aussi de rester populaires chez eux. Pour les Kinks, la tentative d'américanisation a bien eu lieu au début des années 1970. Artistiquement, c'est la messe, avec deux disques fabuleux chacun emprunts d'une certaine mélancolie ricaine: l'immense Muswell Hillbillies (1971), et le très sous-estimé Everybody's In Show-Biz (1972). Pourtant, allez savoir pourquoi, la foirade commerciale est aussi grande que la musique est belle. Les Kinks ne parviennent pas à conquérir l'Amérique, et se font du même coup oublier de leur propre public. S'ensuivent quelques tentatives de renouer avec le charme British qui a fait leur fortune dans les années 1960, sans succès là non plus. Puis arrive 1977. Les Kinks quittent RCA, et signent chez Arista. Les frères Davies reviennent aux fondamentaux avec Sleepwalker, un disque de chansons indépendantes les unes des autres, loin des albums-concepts du milieu des années 70, et manifestement tourné vers la pop US de l'époque. A long terme, ils parviendront cette fois à conquérir les Etats-Unis, symbole de leur renaissance. Mais il leur faut également retrouver leur public anglais. Si la tâche s'avère plus ardue, la tentative, elle, est formidable.

Le single de Father Christmas, que nous abordons en ce jour de Noël, sort le 25 novembre 1977. C'est le 45-Tours punk des Kinks, celui avec lequel ils essayent de retrouver la gloire (essayent seulement: le single ne connaîtra qu'un succès mitigé...) en sautant sur l'opportunité de s'amuser avec cette vague de rock jeune, énergique et contestataire qui déferle sur les UK. Father Christmas, par plusieurs aspects, n'est qu'une parodie de punk-rock, un pastiche si l'on veut. Premièrement, les Kinks savent jouer de leurs instruments et écrire des chansons, différence fondamentale face aux Sex Pistols, par exemple. Mais surtout, leur single punk se basera sur Noël, et même sur le père Noël. Rien de moins punk dans l'âme. Une thématique qui remplit la chanson de petites clochettes kitsch en guise d'intro, et sur le refrain. L'approche fait donc sourire: les Kinks veulent se mettre à la page tout en gardant leur charme pop.

Or c'est là que le génie de Ray Davies intervient. La tentative n'est certes pas complètement sérieuse, cela n'aurait de toute façon pas correspondu avec l'esprit du groupe; mais elle n'est pas entièrement parodique non plus. Davies n'est pas dupe, il sait sans doute à quel point les Kinks ont quelque chose à voir avec la mouvance punk. Aujourd'hui, ils sont d'ailleurs considérés comme des précurseurs: You Really Got MeAll Day And All Of The Night, les premiers grands classiques en somme, reposaient sur un riff agressif et teigneux, et reflétaient déjà, en 1964, bien avant les Clash, l'énergie d'une fertile jeunesse anglaise. Father Christmas, c'est à nouveau ce riff façon hachoir: Dave Davies y est d'une redoutable efficacité. C'est une énergie folle, aussi, totalement rock'n'roll. Et puis, il y a les paroles. Ray Davies est, à n'en pas douter, le plus grand parolier britannique de l'histoire. Il n'a cessé de chanter les désarrois sociaux de son pays, tout en finesse et en humour, voire en ironie. Les grands exemples ne se font pas prier dans la discographie kinksienne, de Get Back In The Line à She's Bought A Hat Like Princess Marina, pour ne citer qu'elles. En somme, il partage le même engagement social que les jeunes punks de 1977, et va s'en servir avec brio pour Father Christmas. La chanson est hilarante et grave à la fois. Elle raconte les mésaventures (déjà exposées au sein de la pochette, qui reprend les grandes idées de la chanson façon BD) d'un homme déguisé en père Noël dans un magasin. Un gang d'enfants se rue sur lui, exposant leur liste de Noël, qui s'apparente davantage à des revendications: ils ne veulent pas de jouets, amusement de riches. Ils veulent de l'argent. Parce qu'ils en manquent. Et accessoirement, ils aimeraient bien également un boulot pour leurs parents, parce que ça aussi, ça manque. Un texte engagé, qui s'accorde aussi bien avec l'univers de Davies qu'avec celui de la génération punk. A noter que celle-ci se fait pourtant fustiger dans la face B du single, le génial Prince Of The Punks, qui narre l'histoire d'un looser qui trouve le succès grâce à la musique punk, qui lui permet de se faire passer pour tout ce qu'il n'est pas. Le morceau aurait été inspiré par la figure de Tom Robinson...

Quoiqu'il en soit, Father Christmas est l'oeuvre d'un groupe qui exploite l'Angleterre punk pour mieux lui montrer qu'ils ne l'ont pas attendue. Les dinosaures que sont déjà les frères Davies en 1977 partagent le même esprit. En cela, ils auraient pu renouer avec le haut des charts, ce qui n'a hélas pas fonctionné. Reste un excellent single des Kinks, qui passe toujours à merveille en cette période de fêtes !

Publicité
Publicité
7 novembre 2014

"Play The Game" - Queen, 1980

114868757

La pochette donne le ton. Ils sont toujours là, tous les quatre. La formation d'origine, celle qui restera jusqu'à la fin. Deacon, Taylor, Mercury, May. Ils sont bien présents, oui mais, ils ont tellement changé. Et en si peu de temps ! Les cheveux se sont raccourcis, les fringues adoptent la mode de 1980, et Freddie arbore pour la première fois son emblématique moustache, qu'il gardera jusqu'à l'apothéose de Wembley, en 1986. Play The Game, sorti le 30 mai 1980, est le troisième single parmi ceux correspondants à l'album The Game, huitième du groupe, qui sortira pile un mois plus tard. Queen n'a attendu ni cette chanson, ni cet album, pour opérer un tournant dans leur musique. Remémorons-nous tout d'abord la grandeur théâtrale et grandiose, aussi impressionnante sur la forme que sur le fond, des jeunes gens de Bohemian Rhapsody, qui du haut de leurs 28, 29 ans, révolutionnent à jamais le rock, lui apportent une nouvelle couleur qui n'appartient qu'à eux, souvent imitée mais jamais égalée. On aimerait se plonger infiniment dans un pareil delirium musical, mais ce Queen-là ne dure qu'un temps. Dès l'année 1977, We Will Rock You inaugure une longue série de tubes pop de la Reine, qui s'oriente désormais vers une musique moins complexe, plus calibrée pour les radios, sans toutefois renoncer à l'inventivité ni à la folie. Une tendance qui sera largement confirmée par Bicycle Race, en 1978, ou l'OVNI néo-Elvisien Crazy Little Thing Called Love, l'année d'après. Cette légère avancée du groupe vers de nouvelles ambiances, un nouveau cycle, ne laisse toutefois présager en rien de ce à quoi nous aurons droit ne serait-ce qu'en 1984, l'année de Radio Ga Ga et I Want To Break Free, chansons qui consacreront un Queen qui semble bien loin de A Night At The Opera, qui a troqué son génie indescriptible et inclassable contre des boîtes à rythme et d'embarrassants bidouillages électroniques de toutes sortes. Que s'est-il passé ? On ne peut se résoudre à croire qu'un tel bouleversement dans la musique de Queen s'est déroulé innocemment. Une clé existe, obligatoirement, pour décoder cette cassure radicale; un passage de témoin clair et net ne peut qu'avoir eu lieu entre ces deux époques, pour la simple et bonne raison que l'idée d'un changement tout progressif et s'opérant pas à pas n'est pas compatible avec ce qu'a été le Queen des années 70, car celui-ci demeure tellement magistral qu'on ne peut penser que le groupe a changé de cap sans lui dire adieu au préalable. Sans clore un chapitre pour en ouvrir un autre. La chanson qui fait office de transition véritable entre les deux grandes périodes de Queen, celle qui se pose à la fois comme le chant du cygne des premières années du groupe, et le berceau des suivantes, est Play The Game.

3 minutes 30 bien sngulières que celles de cette face A de 1980 qui relie à elle seule Bohemian Rhapsody à Radio Ga GaPlay The Game n'est ni le meilleur single de Queen, ni leur plus grand succès; pourtant, il en dit bien plus sur l'essence de la Reine que de nombreux autres morceaux. Il n'y avait pas que le changement de look qui était radical. Les fans de la première heure étaient condamnés à sentir, dès les premières secondes de la chanson, ce que c'est que de se prendre un grand coup de couteau dans le dos. Play The Game s'ouvre en effet par une introduction futuriste entièrement à base de... synthétiseur. La fierté absolue que laissaient transparaître les productions seventies de Queen est envoyée dans la tombe en 15 secondes chrono. Leur grande marque de fabrique était de ne jamais utiliser le mondre synthétiseur. Tous les albums avaient droit à la même mention dans les crédits: "No synthetizors !" agissait comme un emblème imperturbable, la devise du royaume. Queen a vendu son âme aux joies de l'électronique eighties. La tradition est fracassée de plein fouet, le groupe ne sera plus jamais le même.

La chanson commence véritablement sur une ouverture de Mercury, piano/voix. Freddie a écrit et composé Play The Game, morceau assez personnel, parlant d'une rupture sentimentale. On frémit lorsque sa voix et son piano surgissent, parce qu'on ne sait que trop ce que le chanteur, dans ses moments les plus mélancoliques, a pu nous offrir comme merveilles par le passé. Nevermore, bombe émotionnelle aussi courte que surpuissante, ou My Melancholy Blues, splendide conclusion de l'album News Of The World qui avait assez de quoi justifier à elle seule l'écoute de ce dernier. Mercury semble ainsi vouloir perpétrer un grain de ballade qui lui est cher dans les années 70. Play The Game a bien ça dans le sang: il s'agit d'un morceau centré sur le piano, qui, sans être d'une tristesse insondable, ne compte pas non plus parmi ce que le groupe a fait de plus joyeux. La recette d'un Mercury impérial vocalement, et délicieusement secondé par les choeurs si singuliers du reste du groupe fonctionne toujours aussi bien, il suffit d'entendre le refrain pour s'en convaincre; et, du reste, un "let yourself go" choral sur le deuxième couplet, par exemple, a fortement de quoi rappeler l'ouverture d'un Bohemian Rhapsody. Toutefois, c'est une chanson relativement simple dans son schéma couplet/refrain, résolument pop et épurée: pas de puissance, de grandeur imposante; un morceau sobre pour du Queen, en fin de compte. On se rapproche donc de la simplicité affichée par les futurs I Want To Break Free ou A Kind Of Magic. Exception faite, peut-être, du pont central.

Décidément, Freddie semble ne pas pouvoir s'empêcher de faire prendre des trajectoires inattendues à ses chansons. Le coeur de Play The Game prêche en la faveur d'un Queen façon pièce montée. Remarquable de bout en bout, d'abord s'éloignant des deux premiers enchaînements couplet/refrain tout en restant d'une haute classe mélodique. Les choeurs sont splendides, venant soutenir peu à peu Mercury, qui, quant à lui, monte de plus en plus haut. Cette montée aboutit sur une réponse, un "play the game" répété quatre fois de manière descendante par les choeurs. Dès lors, on pense aux constructions des harmonies vocales de Somebody To Love, on revient au Queen de 1976, lorsque les synthés viennent s'interposer. Voilà qui sonne tout de suite moins 1976. La chanson revient finalement à son topo original, lequel est agrémenté d'un magnifique solo de Brian May sonnant plus british que jamais. Racé, court et simple, infiniment efficace, flegmatique; typiquement le genre de perle qui amenait une couleur sublime à un You're My Best Friend, et qui est condamné à ne plus vraiment apparaître dans le Queen eighties, ou alors, en beaucoup moins intemporel et prenant aux tripes. Play The Game s'achève enfin sur son refrain, repris ad libitum, Freddie ne se privant pas de quelques variations vocales.

Nous voilà donc face à une chanson qui se pose parfaitement comme la transition entre deux périodes, ses différents élements penchant tour à tour du côté seventies et du côté eighties. La suite directe, pour Queen, ça sera Another One Bites The Dust et ses effets sonores, la bande-son minable de Flash Gordon, le disco-funk soupasse de Hot Space, pour arriver enfin aux bidouillages infects de Radio Ga Ga. Quelque chose s'est produit dans Play The Game, qui sert indéniablement de déclic à un groupe dont la musique s'apprête à être repensée de bout en bout. Un clip sera assorti au morceau, d'un kitschissime rarement égalé. Les micros volent dans l'espace (si, si); Mercury saute à l'envers sur la batterie de Taylor, apparait torse nu et transpirant; chaque membre du groupe se voit, derrière lui, affublé d'un décor fait de fausses flammes de différentes couleurs. 34 ans plus tard, mieux vaut rire de cette vidéo ancrée dans son époque. Le single a mieux vieilli que le clip, fort heureusement pour lui, et les nouveaux looks de chaque membre deviennent une marque de fabrique ineffaçable de la mémoire collective dès lors qu'on évoque le nom de Queen. Pourtant, chanson, clip et moustache fonctionnent de la même manière: le tout semble ne pas s'appeler Play The Game pour rien. Il faut en effet jouer le jeu d'une époque, d'une décennie nouvelle; dire adieu à ce qui a précédé. C'est non sans certains regrets que le fan des années 70 de Queen écoute Play The Game aujourd'hui, car il sait ce qu'elle signifie. Pourtant, elle garde un charme, sans doute une nostalgie inhérente à ce qu'elle est, et qui fait qu'on ne peut que l'apprécier. Les années 80 ne seront pas aussi belles pour Queen que les autres. La transition, elle, était superbement bien assurée.

23 août 2014

Les mioches, nouvelles plaies de la télévision

La télé-réalité, Plus Belle La Vie, les téléfilms français, Benjamin Castaldi... On le sait, la télévision est devenue un véritable dépotoir où s'entrechoquent des ignominies diverses à faire pâlir les sept plaies d'Egypte. Certaines chaînes sont même devenues des références en la matière, de TF1 à M6, sans parler de l'infâme TNT et ses NRJ 12 ou NT1. Bien sûr, on pourrait me répondre: "dans ce cas, si tu n'aimes pas la télé, pourquoi la regardes-tu ?". Regarder est un bien grand mot, mais, admettons. Si je ne m'intéresse pas un tant soit peu à la boîte à images, comment pourrais-je la critiquer ? Là est le cercle vicieux du chroniqueur, même amateur: subir pour mieux détruire.

Il m'arrive donc, comme tout un chacun, de me laver le cerveau devant certaines immondices télévisuelles françaises. Certes pas au point de suivre Les Anges de la Télé-Réalité, mais des immondices de niveau moyen, dirons-nous. Et j'ai pu constater du fait depuis quelques temps un nouveau phénomène relatif à toutes les grandes chaînes ou presque: les émissions spéciales enfants. Le principe est simple: on prend des divertissements TV déjà existants, mais en les adaptant à la sauce mioches. Imaginez donc le carnage lorsque les formules "normales" de ces émissions sont déjà à la limite du supportable... ! La nouvelle idée de génie du genre qui s'apprête à venir pourrir nos écrans télé s'appelle The Voice Kids. Tout le monde connait déjà The Voice, à savoir un concours de chant où les candidats viennent satisfaire leur quart d'heure de gloire devant un jury ayant le dos tourné, et qui se retourne lorsque la prestation lui plait. La version française normale de cette émission est déjà largement faisandée, la faute à un jury de qualité discutable, un présentateur caricatural, et une avalanche de chansons populaires souvent emmerdantes. Oui mais, le téléspectateur n'est désormais plus au bout de ses surprises. Car cette fois, The Voice acceuille des chiards. Dès six ans. Je vois d'ici le tableau: une série de gosses braillards vocalement insupportables et massacrant une mièvrerie quelconque de Céline Dion ou de Goldman. Evidemment, une majorité de minettes pour lesquelles les jurés se seront retournés choisiront Jenifer, après que celle-ci leur ait dit douze fois à quel point elles étaient trop choues et impressionnantes pour leur âge. Avouez, ça fait rêver ! J'imagine qu'il s'agit pour la plupart de gosses poussés par leurs parents frustrés de n'avoir jamais fait carrière: permettez-moi de me demander comment on peut avoir envie, à 6/7 ans, de chanter devant des millions de gens... ?

Certes, l'expérience n'est pas nouvelle: on pense évidemment à L'Ecole des Fans, cette kitscherie d'un autre siècle où nos têtes à claques venaient livrer leurs performances vocales pour le plus grand plaisir du gros camescope des parents présents dans la salle. Il faut savoir que cette émission ringarde a refait surface - et Philippe Risoli avec, pauvre de nous - sur la chaîne spécialiste de la télé miochée, à savoir Gulli. Tiens, Gulli, parlons-en de celle-là. Chaîne de la TNT destinée à la jeunesse, et qui propose du fait quelques divertissements et jeux où ce sont les enfants qui participent. Preuve que de nos jours, l'invasion télévisuelle des gosses ne se limite plus aux concours de chant. Toutefois, on pardonnera aisément Gulli, qui s'affiche clairement comme une chaîne visant un jeune public. Ce qui est réellement idiot et insupportable là-dedans, c'est que les autres grandes déchetteries de la télé s'y soient mises.

C'est bien simple: des émissions spéciales gosses, il y en a partout et pour tous les goûts, aujourd'hui ! Je prends l'exemple de Masterchef Junior. Oui, vous ne rêvez pas: une émission de cuisine (encore une)... pour les drôles. Le business de la télé enfantine semble pouvoir envahir tous les genres de programmes et doit sans doute rapporter gros, encore que je me demande comment des gens peuvent avoir quelque chose à foutre de ces émissions déclinées. Elles doivent viser, j'imagine, un public de ménagères ou de mamies solitaires qui s'émerveillent devant la mignonnerie de ces petits êtres en train de cuisiner. Les mêmes, peut-être, qui envoient des SMS à des émissions comme Incroyable Talent pour faire gagner des gosses certes doués mais qui ne méritent aucunement la victoire face à d'autres candidats.

Il me restait à évoquer le pire cas de télé miochée que je connaisse. Si je vous demande de me nommer un animateur beauf et lourdingue, vous me répondez... ? Mais oui ! Patrick Sébastien ! Nul doute que ce monsieur atteint son sommet de nunucherie crasse - hors chansons, bien sûr - lors de ses Plus Grand Cabaret Du Monde consacrés aux enfants. Il faut avoir regardé ça au moins une fois dans sa vie: on parle d'un grand moment d'hilarité. Chaque enfant qui se présente fait monter un peu plus le running-gag. Car pour chacun d'entre eux, le gros Patrick ne manque jamais de rajouter un "tu sais que je connais très bien ta maman ! C'est une femme formidable, ta maman, hein. On l'a déjà reçue plusieurs fois ici, ta maman, d'ailleurs ! Je me la suis même tapé, ta...". Comprenez par là que l'animateur ne choisit pas ses jeunes invités au hasard. Ses émissions pour enfants font la part belle au piston et à un certain favoritisme. Papa est producteur, maman est une grande amie, viens donc chanter Les Sardines ! Un sommet de complaisance mal placée, un peu à l'image du bonhomme finalement.

Passés tous ces exemples, on pourrait me répondre que ces émissions de gosses restent malgré tout assez inoffensives. Que l'on ne patauge pas dans le voyeurisme pervers de la télé-réalité, ni même dans certains jeux TV à la morale douteuse. C'est vrai. D'ailleurs, cet article n'a pas pour but de dénoncer ce genre de choses, mais seulement d'exprimer un certain ras-le-bol face à une manie actuelle ridicule. Simplement, la connerie télévisuelle connait de moins en moins ses limites, et, le développement de la télé miochée aidant, il ne serait pas étonnant que l'on se retrouve dans quelques années face à la première émission de télé-réalité mettant en scène des enfants. On pourrait, par exemple, suivre le quotidien des gamins dans une école, et le gagnant serait le plus populaire de la classe. La gagnante serait celle qui a fait le plus de bisous sur la bouche aux garçons. A moins que ne se présente un jour sur nos écrans un Maillon Faible pour les enfants, on l'on apprendrait dès le plus jeune âge aux mômes à se servir du voisin pour amasser de l'argent, avant de s'en débarrasser comme une merde pour tout remporter. Certes, j'imagine ici les cas les plus extrêmes et immoraux, qui, espérons-le, ne sont pas prêts de se faire. En attendant, il y en a définitivement marre de ces enfants venant envahir le poste !

Remarquez, en nous donnant envie d'éteindre la télé, ils sont peut-être une bénédiction.

11 août 2014

Ces chefs d'oeuvre oubliés par leurs propres auteurs

Ils s'appellent George Harrison, Ray Davies, Pete Townshend, Neil Young ou encore Bob Dylan, et ils ont tous commis des crimes contre l'humanité musicale en laissant de côté quelques unes de leurs plus grandes chansons pendant des années: intéressons-nous aujourd'hui à l'art du "previously unreleased".

Lorsque vous jetez un oeil à la tracklist des bonus d'un CD, il arrive souvent que vous puissiez tomber sur la mention "previously unreleased" placée à côté d'un titre. Ce qui signifie que le titre en question n'avait jamais été publié auparavant, que c'est la première fois que le public peut les entendre, du moins officiellement. Le résultat de ces chansons inédites est variable: des fois, on comprend pourquoi elles sont restées au fond d'un tiroir. Mais d'autres fois, on se les prend en pleine gueule, on sort de l'écoute assez abasourdi, en se demandant simplement pourquoi ont-elles mis 20, 25, 30 ans à sortir. Petit regroupement de quelques unes de ces merveilles restées dans l'ombre pendant de longues années, et qui, doux euphémisme, ne le méritaient pas.

George Harrison - I Live For You

Pour bien des artistes, I Live For You serait la chanson d'une carrière. George Harrison, lui, pouvait se permettre de la reléguer au statut de fond de tiroir. Il s'agit d'une chanson signée et interprétée par l'ancien guitariste des Beatles, enregistrée en 1970 lors des sessions de son célèbre premier album solo, le monumental All Things Must Pass. Ballade pop/folk on ne peut plus ravissante, elle a pourtant été écartée de l'album définitif. D'après les dires de l'intéressé, ses musiciens et lui n'arrivaient pas à faire une prise convaincante... L'exigence des génies. I Live For You est apparue pour la première fois sur disque en 2000, à l'occasion de la réédition de All Things Must Pass. Il a fallu 30 ans pour que cette merveille qui n'a pas à rougir des morceaux de bravoure de l'album original en terme de songwriting et d'émotion soit enfin reconnue à sa juste valeur, ce qui relève presque de l'indécence.

Ray Davies - I Go To Sleep

Autre génie, autre chef d'oeuvre oublié. Ray Davies, la tête pensante des Kinks, enregistre I Go To Sleep en 1965, sous forme de démo piano/voix. Pourtant, cette chanson n'aboutira jamais à une version définitive des Kinks. Elle sera empruntée par d'autres. Le groupe The Applejacks sera le premier à sortir une version du morceau. Suivront entre autres Cher et les Pretenders. Mais impossible d'entendre la version première interprétée par Ray Davies jusqu'à la réédition CD de Kinda Kinks chez Sanctuary, en... 2004. Presque 40 ans pour découvrir cette perle mélancolique et inquiétante, qui n'a pas eu de plus grand interprète que son auteur.

The Who - MelancholiaGirl's Eyes

Ces deux chansons des Who ont été enregistrées lors des sessions de l'album The Who Sell Out en 1967. Comme d'autres morceaux écartés de l'album définitif, elles témoignent du niveau des Who cette année-là. Le groupe de Pete Townshend marche tellement sur l'eau qu'il se voit obligé de laisser tomber des chansons de ce calibre. Incroyable mais vrai. Melancholia et Girl's Eyes seront publiées pour la première fois, parmi d'autres titres issus de ces mêmes sessions, dans le coffret Thirty Years Of Maximum R'n'B en 1994, qui mélangeait raretés et classiques; avant d'être intégrées à la réédition CD de The Who Sell Out l'année d'après. La première, signée Townshend, est une claque absolue, très rock, pesante et sombre (c'est sans doute ce pourquoi elle a été écartée, elle contraste un peu avec l'ambiance pop et plutôt légère de l'album original), avec un Roger Daltrey absolument impérial au chant. Girl's Eyes quant à elle, est l'oeuvre de Keith Moon, qui signe les paroles, la musique, et interprète sa chanson. Si son interprétation n'est pas fabuleuse, Keith Moon n'ayant jamais été un grand chanteur; la qualité du songwriting, elle, démontre que Moon n'était pas seulement le plus grand batteur rock de l'histoire. Il pouvait aussi s'improviser en un fabuleux compositeur pop. Une facette du personnage hélas très sous-estimée, voire oubliée.

Neil Young - Stringman

Que s'est-il passé dans la tête de Neil Young au soir du 7 février 1993, lorsque celui-ci a décidé de déterrer, à l'occasion de son MTV Unplugged, cette chanson de 1976 ? Le Loner est un spécialiste des morceaux tombés aux oubliettes. Il les écrit, les chante sur scène quelquefois, puis les abandonne. Il en a un bon paquet comme ça, connus des fans les plus hardcore, et encore. Le fait que l'une de ces chansons, Stringman, ait refait surface 17 ans après son écriture, relève du miracle. En quel honneur Neil a-t-il bien pu décider de la ressortir ? S'adressait-il à quelqu'un en particulier ? Le mystère est là. La chanson, elle, est un chef d'oeuvre piano/voix qui fout les poils à chaque écoute, un des plus beaux moments de l'Unplugged.

Bob Dylan - Blind Willie McTell

On termine avec ce qui est peut-être le cas le plus célèbre de toute l'histoire du "previously unreleased". Avec le temps, cette bouleversante chanson de Bob Dylan s'est imposée comme l'un des grands classiques de la carrière du monsieur. Il faut dire qu'il s'agit sans doute de l'une de ses plus belles et touchantes pépites: les paroles, la musique, l'interprétation, tout y est beau à pleurer. Pourtant, si Blind Willie McTell a été enregistrée lors des sessions de l'album Infidels sorti en 1983, Dylan l'a gentiment mise de côté pour ne la sortir qu'en 1991, sur les premiers volets des Bootleg Series. Il mériterait un procès pour ça. D'après lui, cette chanson n'est qu'une ébauche, quelque chose qu'il n'a jamais terminé. En l'état, elle est déjà tellement immense que l'on se demande bien ce que ça aurait été si l'intéressé en était venu à bout. Peut-être le signe qu'il s'agit de l'oeuvre d'une vie, en somme.

31 juillet 2014

King Crimson - "In The Court Of The Crimson King" (1969)

cover_493961992009

Je ne fais pas dans l'originalité aujourd'hui, je vous l'accorde. Certes, on a déjà tellement parlé de ce disque qu'il pourrait sembler vain d'en parler encore. Pourtant, il fait partie de ces oeuvres tellement importantes, novatrices et énigmatiques qu'on a l'impression de ne jamais en avoir dit assez sur le sujet. Alors on y revient régulièrement, sans vraiment savoir pourquoi. C'est précisément mon cas maintenant: ça fait assez longtemps que je ne l'ai pas écouté, mais là, subitement, j'avais I Talk To The Wind dans la tête, et l'envie m'est venue, sans prévenir, de reparler de In The Court Of The Crimson King. Ce premier album de King Crimson, sorti en 1969, marque une avancée considérable dans une pop complexe (soyons honnêtes, à part peut-être 21st Century Schizoid Man, on ne saurait appeler ça du rock) teintée de jazz, d'influences classiques, voire d'ambiances folk de temps à autres. Un style qui trouve ses plus anciennes racines dans des albums comme Pet Sounds, et sur lequel se pencheront des précurseurs tels que Procol Harum ou les Moody Blues. En somme, on parle ici de la naissance du "rock progressif", véritablement consacré et défini par In The Court Of The Crimson King.

L'album constitue un voyage musical assez inédit pour l'époque: la longueur des morceaux, leur complexité, le grain de génie du fond et même de la forme parfois en font une oeuvre radicalement moderne, et qui demeure bien des années après l'un des indispensables jalons du genre. Cinq morceaux, cinq pièces pas forcément faciles durant de six à douze minutes: In The Court Of The Crimson King ouvre la porte à une musique pour le moins évoluée. C'est le premier titre de l'album qui marquera le plus considérablement les esprits. 21st Century Schizoid Man demeure le morceau emblématique de King Crimson. On a affaire à une véritable furie jazz-rock, presque hard-jazz dans laquelle le feu s'allume subitement après une intro brumeuse et mystérieuse de 30 secondes. Le riff violent, agressif joué conjointement par la guitare de Robert Fripp et le saxophone de Ian McDonald prend majestueusement place, puis Greg Lake hurle des paroles que l'on n'imagine pas vraiment sorties du générique des Bisounours (innocents raped with napalm fire, entre autres joyeusetés). Enfin, c'est rapidement le lâcher de variations instrumentales toutes plus ahurissantes les unes que les autres: on s'en prend plein la gueule dès le début du disque. La fin du titre introduit à une constante chez King Crimson: le morceau se termine en effet dans un bordel cacophonique cher à la bande de Robert Fripp. 21st Century Schizoid Man relève de l'anthologie et, encore une fois, a largement marqué les esprits. Il les marque encore aujourd'hui d'ailleurs, Kanye West ayant samplé le morceau en 2010, entre autres exemples.

L'un des passages les plus fascinants du disque est sans aucun doute l'enchaînement aussi improbable que réussi entre l'agressivité sonore sans nom des dernières secondes de 21st Century Schizoid Man et la douceur bucolique de I Talk To The Wind. Ladite chanson est probablement ma préférée de l'album. Elle consiste en une envolée mélancolique et légère marquée à la fois par la voix triste de Greg Lake, la flûte enchantée de McDonald, la guitare rêveuse de Fripp et la batterie d'une précision chirurgicale de Michael Giles. Il n'y a pas de membre plus fort qu'un autre là-dessus, il est intéressant de constater à quel point nous tenons un vrai groupe où chaque musicien a autant sa place que l'autre. La cohésion est incroyable, et c'est sans doute la grande force de cette pure splendeur.

On pourrait dire la même chose de Moonchild, le morceau le plus long du disque. Sauf qu'en dehors de ses deux premières minutes, il ne tape pas dans la même catégorie. Il n'y a guère qu'au début que l'on retrouve l'ambience apaisée, calme, belle tout simplement, de I Talk To The Wind. Puis le groupe opère un virage à 360°: le reste du titre est une improvisation, certes tranquille elle aussi, mais complètement déstructurée et désarçonnante. Difficile d'accès, cette partie instrumentale s'étendant sur pas moins de 10 minutes. On pourra facilement être découragé lors des premières écoutes, et attendre péniblement la piste suivante; mais comme souvent chez King Crimson, la persévérance est nécessaire, et peu à peu, Moonchild saura se faire apprécier dans son intégralité grâce à sa finesse et à nouveau sa splendide cohésion de groupe.

Entre I Talk To The Wind et Moonchild vient se caler Epitaph. Cette dernière reste à mon sens la chanson la plus faible de l'album. Toutefois, ce jugement n'a de valeur que par rapport aux autres morceaux de In The Court Of The Crimson King: attention à ne pas la sous-estimer pour ce qu'elle est. Soyons francs, c'est une splendeur de plus, assez sombre voire triste, où les parties de guitare de Fripp sont admirables au-delà de tout. Cependant, Epitaph est un peu trop chargée en mellotron, cet instrument typique du rock progressif souvent lourd et pompeux, coupable d'avoir bousillé quantité de morceaux de l'époque. A défaut d'être bousillée, Epitaph est assez alourdie et a un peu mal vieilli. De même, le chant de Greg Lake sur ce titre est assez poussif, pas forcément joli. Mais malgré ses défauts, on n'imagine pas l'album sans Epitaph, qui demeure une excellente pièce de rock progressif.

Le point final de In The Court Of The Crimson King a justement pour nom The Court Of The Crimson King. On parle à nouveau d'une chanson emblématique du groupe, et à nouveau d'un pur sommet. Morceau moyenâgeux reposant sur une alternance entre couplet/refrain et variations instrumentales, tout y est sublime. Mention spéciale cette fois à la performance vocale de Greg Lake, qui y excelle. Le moment le plus fascinant de The Court Of The Crimson King est indiscutablement ses dernières minutes, avec premièrement un final en forme de bonus caché. Quelques derniers coups de cymbale retentissent, puis, silence, on pense que c'est fini à la première écoute. Mais une dizaine de secondes plus tard, une flûte discrète intervient reprenant le thème principal du morceau. Et ça repart pour un final spectaculaire marqué par 5 dernières secondes dissonantes et cacophoniques sans lesquelles le titre ne serait pas le même. A la manière de 21st Century Schizoid ManThe Court Of The Crimson King se clôt brutalement, mais cette fois, cela n'ouvre pas la porte à une autre chanson. Le rêve est fini, au moins jusqu'à la prochaine écoute de l'album.

In The Court Of The Crimson King est une oeuvre fascinante et étrange jusqu'à sa pochette, signée du jeune Barry Godber, qui décèdera hélas peu de temps après. Une artwork assez flippante et oppressante, qui annonce la couleur: cet album ne ressemble à aucun autre. A la fois poétique, doux, brut, In The Court Of The Crimson King se révèle également addictif et poursuit longtemps l'auditeur, quitte à ce que parfois, I Talk To The Wind, ou un autre morceau, vienne s'immiscer inexpicablement dans sa tête. Un chef d'oeuvre, que dire de plus.

1. 21st Century Schizoid Man (7:24)

2. I Talk To The Wind (6:08)

3. Epitaph (8:49)

4. Moonchild (12:13)

5. The Court Of The Crimson King (9:23)

Publicité
Publicité
21 juillet 2014

"Man On The Moon" - R.E.M., 1992

R

Mine de rien, l'on peut évoquer sans mal R.E.M. comme l'un des groupes les plus solides et les plus emblématiques de la scène alternative américaine. En 30 ans de carrière, ces mecs se sont avérés souvent doués pour les albums (on trouve dans leur discographie des merveilles comme Automatic For The People ou Up); néanmoins, ils faisaient généralement encore plus mal sur du court format. Des singles de malades chez R.E.M., il y en a eu plus d'un, et le groupe de Michael Stipe fait partie de ceux dont les meilleures chansons sont aussi les plus réputées. C'est un groupe à best-of, quoi, ce qui n'est pas obligatoirement péjoratif. Losing My Religion bien sûr, le terrassant Everybody HurtsOrange CrushThe One I Love sont autant de petits chefs d'oeuvre de 4 minutes dont on ne se lassera sans doute jamais. Mais il y a un single en particulier qui m'a profondément marqué, au point de faire partie de mes chansons de l'île déserte, comme ils disent.

Il s'agit, donc, de Man On The Moon. Publié en novembre 1992, ce single est le deuxième relatif à Automatic For The People, soit sans doute le meilleur album du groupe. Le morceau, qui sera un beau succès, évoque Andy Kaufman, ce comédien et humoriste américain aux numéros et interventions télé absurdes, voire la plupart du temps complètement improbables. Un homme qui brillait par sa capacité à mener tout le monde en bateau, et ainsi à se foutre gentiment de la gueule du monde. Parce qu'il n'est pas rare que les plus forts partent les premiers, Kaufman est mort à 35 ans des suites d'un cancer, en 1984. Beaucoup ont alors pensé à un nouveau canular de l'artiste. Mais 30 ans plus tard, Andy Kaufman n'est pas réapparu. Restent ses imitations d'Elvis ou encore son faux combat de catch contre Jerry Lawler, qui sont évoqués dans le morceau de R.E.M.

Musicalement, la chanson frappe fort. Elle commence comme une ballade acoustique, sur une intro splendide à plusieurs guitares, avec une mention spéciale 'frisson' lorsque surgit la slide de Peter Buck. L'intervention de la mandoline sur le premier couplet accompagne finalement toute la chanson, ce qui n'est pas sans évoquer Losing My Religion. Toutefois, la mandoline a une vocation rythmique sur Man On The Moon, là où son intérêt était surtout mélodique dans le tube précité. On admirera également dans les couplets ces quelques touches discrètes de piano qui contribuent à donner une forte consistance musicale, une épaisseur à la chose. Enfin, on ne peut que signaler la magnifique performance vocale de Michael Stipe, excellent chanteur au timbre assez unique et très reconnaissable, qui signe ici l'une de ses meilleures prestations.

Mais c'est le refrain, surtout, qui est divin ici. Il commence sur une attaque parfaite de Bill Berry à la batterie, qui laisse ensuite une large place aux guitares de Peter Buck. Le contraste entre la guitare rythmique qui structure le tout et la slide évasive qui aurait tendance à le déstructurer est absolument sublime. La production rend totalement grâce à ce refrain, elle est profonde, un rien 80's, mais n'est jamais excessive, elle convient parfaitement au morceau dans son ensemble. Et puis, il y a ce potentiel de songwriting incroyable. Le morceau est un bijou d'écriture et cela se ressent tout particulièrement dans ce refrain addictif, efficace et intense. Enfin, lorsque Buck claque son petit solo, il prouve qu'il est définitivement le grand bonhomme de ce single décidément parfait.

Man On The Moon sera embellie par un très beau clip en noir et blanc, puis servira en 1999 à la bande-son du film du même nom, superbe évocation de la vie d'Andy Kaufman dirigée par Milos Forman, avec un Jim Carrey éblouissant et méconnaissable dans le rôle du comédien. 22 ans après sa sortie, la chanson de R.E.M., elle, n'a pas pris la moindre ride, reste étincelante à chaque écoute. C'est à mon sens le meilleur single du groupe, et l'une des plus belles chansons pop des années 1990.

19 juillet 2014

The Kinks - "Lola Versus Powerman And The Moneygoround" (1970)

ungbb_1981476709

Lola Versus Powerman And The Moneygoround est le huitième album des Kinks, et aussi celui qui marque leur retour au sommet des tops. Le groupe des frères Davies, bien que toujours parfait musicalement, patinait commercialement depuis 1968. Un déclin peut-être dû à l'irrésistible américanisation de la pop et du rock ces années-là, contre laquelle les Kinks, groupe anglais par excellence, s'élevaient ironiquement à travers The Kinks Are The Village Green Preservation Society, leçon de pop british, qui fit hélas un gros bide. L'album que nous allons évoquer maintenant (dont la pochette arbore un Part One, au passage, or il n'y a jamais eu de Part Two) remet le groupe au goût du jour grâce au single Lola, immense classique Kinksien qui se taillera un n°2 dans les charts britanniques, puis Apeman, n°5. Résumer Lola Versus Powerman And The Moneygoround à un succès commercial serait toutefois mal venu, tant l'album brille aussi de mille feux par sa musique.

1970. Les Beatles se séparent, les Stones et les Who prennent des tournants musicaux de plus en plus importants. S'ils veulent survivre, les Kinks doivent évoluer eux aussi. L'heure n'est plus aux singles ravageurs de 2'30, et Lola Versus Powerman And The Moneygoround est marqué par une pop se mettant à l'heure des années 1970. Les morceaux sont plus élaborés en terme d'arrangements comme de composition, et surtout, Ray Davies conserve sa foi en l'album-concept après les tentatives peu fructueuses commercialement parlant de ...Village Green... et d'Arthur. Cette fois, le pari de construire un disque autour d'une ou de plusieurs thématiques va payer. Parce que les temps changent. Lola Versus Powerman And The Moneygoround compte plusieurs chansons centrées sur les joies et les peines du pouvoir ou de son absence, du succès ou de son absence, de l'argent ou de son absence. Et, au milieu de tout ça, quelques volontés d'évasion, de liberté, comme des tentatives d'échapper aux inévitables quêtes d'une société néanmoins attachante, parce que superbement bien décrite par Ray Davies.

La tête pensante des Kinks est peut-être le plus grand parolier de l'histoire de la pop. Il fait briller à travers Lola... tout son humour, toute son ironie, son sens critique, allumant les producteurs dans The Moneygoround ou Denmark Street ("you go to a publisher and play him your song, he says 'I hate your music and your hair is too long, but I'll sign you up cause I'd hate to be wrong' !"), sachant s'y prendre comme personne pour décrire les travers divers ("I met her in a club down in Old Soho where you drink Champagne and the taste is like Coca-Cola", au début de Lola, chanson absolument hilarante sur une rencontre avec un travesti, voire un transsexuel). Parfois, Davies sait aussi pondre des textes plus sérieux mais non moins magnifiques; ainsi, Get Back In Line est une chanson d'une tristesse insondable sur un chômeur désespéré, dont les paroles, conjuguées à la manière de chanter de Ray, filent les poils du début jusqu'à la fin.

Mais en génie qu'il est, Ray Davies fait aussi, encore une fois, un carton plein pour ce qui est de la musique. De ce côté-là, le grand sommet de Lola... s'appelle sans doute This Time Tomorrow, chanson bluffante en tous points, qui se passe de mots. Entre les couplets rêveurs, le refrain mélancolique, ce pont incroyable, ou le piano cavalant sur la fin, tout y est une démonstration de pop digne des plus grandes chansons de l'époque, qu'il s'agisse de l'écriture comme des arrangements sans parler de l'interprétation. La mélancolie propre à This Time Tomorrow, on la retrouve à travers Get Back In Line, où la musique s'accorde bien avec les paroles, sans pour autant faire dans le pathos larmoyant: la finesse est de rigueur. A Long Way From Home, bien que moins marquante, peut aussi rentrer dans ce peloton de chansons. Pour le reste, Ray Davies tape aussi dans des choses plus légères, en témoignent le génialissime Apeman, sa ligne de piano qui reste dans la tête ainsi que son refrain rafaîchissant et addictif, ou encore Denmark StreetThe Moneygoround fait volontairement dans le mélodramatique ironique, le morceau a quelque chose d'assez théâtral, exagéré. Enfin, parmi les grandes pépites signées Ray, on ne peut que citer le pilier central Lola, qui a tout de la grosse machine pop du début des années 1970. Une chanson efficace, puissante, maîtrisée, l'essence même du classique.

Si Ray Davies vend du rêve tout au long de l'album, attention toutefois à ne pas oublier son petit frère, Dave Davies. Disque après disque, le guitariste du groupe et chanteur occasionnel a su s'imposer comme un élément important dans les compositions des Kinks. Ici, il signe Rats, un rock efficace bien que ne faisant pas partie des merveilles de l'album. En revanche, il est aussi l'homme de Strangers, une ballade à dominante acoustique rejoignant les grands moments d'émotion du disque. Il s'agit de l'une des plus flagarantes réussites de Lola..., la voix trébuchante de Dave convient parfaitement à l'atmosphère de la chanson. Le cadet des frères Davies s'illustre enfin par quelques mémorables riffs, celui de Powerman, chanson qu'il interprète et écrite en collaboration avec Ray, ou encore le thème central de Top Of The Pops.

Vous l'avez deviné si vous ne connaissez pas l'album, Lola Versus Powerman And The Moneygoround est un chef d'oeuvre, un régal. Peut-être bien le meilleur album des Kinks, ce qui n'est pas peu dire. Le groupe réussit une transition merveilleuse (déjà quelque peu entamée avec Arthur) vers le grand bain des années 1970, jusqu'à imposer Lola... comme l'un des très grands disques de 1970. La décennie sera malheureusement bien inégale pour le groupe, diverses tensions et manques d'inspiration venant quelquefois altérer l'intense oeuvre des Kinks. Reste que Lola Versus Powerman And The Moneygoround, lui, est qualitativement comparable aux Kinks des années 1960, à savoir le très très haut du panier.

1. The Contenders (2:42)

2. Strangers (3:19)

3. Denmark Street (2:02)

4. Get Back In Line (3:06)

5. Lola (4:02)

6. Top Of The Pops (3:39)

7. The Moneygoround (1:48)

8. This Time Tomorrow (3:27)

9. A Long Way From Home (2:26)

10. Rats (2:38)

11. Apeman (3:52)

12. Powerman (4:22)

13. Got To Be Free (3:00)

14 juillet 2014

Votez pour la plus grosse purge du mondial 2014

719px-WC-2014-Brasil

La Coupe du Monde de la FIFA (oui, vous avez remarqué cette très pénible obligation médiatique de rajouter "de la FIFA" à chaque fois ?) 2014 vient de s'achever sur la belle victoire de l'Allemagne. La Mannschaft s'est imposée aux prolongations contre l'Argentine, et signe une victoire amplement méritée à la vue de son parcours dans ce mondial. Pourtant, si l'Allemagne a été brillante à plusieurs reprises pour aller chercher la Coupe, il y a forcément eu, parmi les 64 matchs qui se sont disputés au Brésil un mois durant, quelques redoutables purgeasses que même le football de taille internationale sait nous offrir. Je vous propose donc de revenir sur quatre des plus grosses purges de la 20ème Coupe du Monde, et de voter pour la plus emblématique, la plus belle, la plus intense, bref, la plus honorable bouse. Ready, steady, go !

Argentine/Pays-Bas

neerlandais-ron-vlaar-rate-tir-but-lors-match-entre-pays-bas-argentine-9-juillet-2014-1638185-616x380

 

Pourquoi ? --> A échelle internationale, c'est sûrement celle qui mettrait tout le monde d'accord. En effet, des quatre purges proposées, cet Argentine/Pays-Bas et son statut de demi-finale est celle qui a été la plus suivie par les téléspectateurs de tous continents, qui ont pu, selon l'heure locale, s'endormir tranquillement devant et passer une bonne nuit ensuite. Plus efficace encore qu'une tisane, cette deuxième demi-finale est la première de l'histoire du mondial à se terminer par un 0-0 au terme des prolongations. Une rencontre très fermée avec peu d'occasions, un Messi médiocre, un Van Persie inexistant. De cette immondice de classe internationale, nous retiendrons à la rigueur les performances de l'efficace Sergio Romero qui a permis à son équipe de se qualifier aux tirs aux but, ainsi que, côté néerlandais, celle de Ron Vlaar, sans doute l'homme du match en terme de jeu. Hélas, comme un symbole de cette confrontation foireuse, celui-ci a considérablement loupé son penalty en fin de match. Et c'est à peu près tout. Demi-finale frustrante, fade et insipide, cet Argentine/Pays-Bas a tout de la plus belle purge du mondial brésilien.

France/Equateur

 

paris-en-ligne-france-vs-equateur-decroche-timbale

 

Pourquoi ? --> Troisième match de poule de l'équipe de France, cette rencontre contre l'Equateur est celle qui a fait retomber au moins de moitié l'engouement pour les Bleus. Les français venaient d'enchaîner deux belles victoires dans leur redoutable poule (rires !), dont une au score lourd contre la Suisse. Forcément, on se remet à y croire pour Benzema et les autres. De plus en plus de supporters voient déjà la France comme l'une des favorites pour le mondial. Puis, il y a cette troisième branlée annoncée à l'avance contre les sud-américains. A défaut de branlée, il faudra finalement se contenter d'un bien pâle 0-0. Un match terne, sans saveur aucune où la seule chose à retenir est le sublime... équipement vestimentaire des Equatoriens. Bah oui, elles sont jolies leurs fringues ! Pile poil aux couleurs du drapeau. Le maillot jaune, le short bleu et les chaussettes rouges. Filmé de haut, on voyait 11 drapeaux de l'Equateur courir sur le terrain. C'était rigolo. Voilà. Cool. Sinon, vous, ça va ? Avec ce France/Equateur, on a définitivement compris que l'équipe de France pourrait encore y croire peut-être sur un match, mais guère plus. En tous cas, qu'est-ce qu'on s'est fait chier !

Uruguay/Italie

 

l-enorme-explication-de-suarez-pour-sa-morsure-iconsport_pho_240614_05_99,85989

 

Pourquoi ? --> A priori, cet Uruguay/Italie n'est pas la purge favorite pour s'imposer dans ce grand concours. Et pourtant, elle reste emblématique. Tout est dans la photo, c'est lors de cette rencontre lamentable que Luis Suarez mord Chiellini, ce qui conduira à sa suspension pour le reste de la Coupe. Au niveau du jeu, nous assistons là à une affiche alléchante sur le papier, puisque deux gros se rencontrent. Hélas, à l'instar du Pays-Bas/Argentine, le match s'avère très pauvre en jeu et en attaque, idéal pour faire une bonne sieste. L'Uruguay s'impose finalement très péniblement 1-0 grâce à un but de Godin à la 81ème minute, et sauve sa peau dans le mondial en se qualifiant pour les huitièmes de finale. L'Italie, elle, est éliminée. En tous cas, que ce fut fastidieux et long pour la Celeste: il a vraiment fallu attendre la fin du match pour que celui-ci récupère un peu de mordant ! (désolé...)

Iran/Nigeria

 

Nigeria-iran-article-1024x576

 

Pourquoi ? --> Une si merveilleuse affiche à minuit heure française ! Sans blague, y a-t-il vraiment des gens qui ont regardé ça dans le pays ? J'avoue ne pas l'avoir regardée non plus. Cela s'est toutefois soldé par un 0-0, ce qui est une première indication sur le niveau de football affiché lors de la rencontre. Mais surtout, si ce match a sa digne place parmi les purges, la raison en est plus politique que footballistique. Iran/Nigeria, vu la situation actuelle, c'est quand même assez fascinant. D'un côté, l'Iran s'ouvre au reste du monde le temps de trois matchs de foot; de l'autre, un Nigeria sous tension avec l'enlèvement des lycéennes. En somme, ce match, c'était Ahmadinejad vs. Boko Haram, l'axe du mal de Bush Jr. contre l'un des plus gros bordels de l'Afrique noire actuelle. Bien sûr, les joueurs n'y sont pour rien, mais cela rendait la rencontre assez atypique, et lorsqu'on sait à quel point les grands évènements sportifs et les merdes politiques sont parfois reliées, l'évocation n'est pas si absurde.

Bien sûr, ces quatre matchs ne constituent sans doute pas les seules purges du mondial, mais ce sont celles qui m'ont le plus marqué. Personnellement, j'ai quand même un petit faible pour le France/Equateur. Je pense que c'est le match où je me suis le plus fait chier, et comme je ne me suis même pas endormi, mes souffrances n'ont jamais été abrégées qui plus est. A vos votes, et n'hésitez pas si vous le souhaitez à évoquer d'autres matchs minables de cette Coupe du Monde 2014 !

13 juillet 2014

Temples - "Sun Structures" (2014)

temples---sun-structures

Sacrée première livraison que celle de Temples. Sun Structures, sorti en février sous une pochette qui n'est pas sans rappeler celle du Who's Next des Who, s'inscrit sans mal parmi les grands crus non seulement de cette première partie de 2014, mais aussi de ce courant de pop psychédélique moderne ayant émergé il y a quelques années, notamment sous l'impulsion des très inégaux - voire tartignolles parfois - MGMT. Sympathique mouvement pop que celui-ci, du reste, qui se caractérise par de nombreuses influences Beatlesiennes et 60's, une production ambitieuse (peut-être un peu trop parfois), un honnête sens du songwriting; et qui ne connaît pas de frontières, des Pays-Bas du fantastique Jacco Gardner à l'Australie de Tame Impala, en passant même par la France de Melody's Echo Chamber. Les gars de Temples quant à eux, nous viennent directement de l'Angleterre profonde où l'on brasse la meilleure pop depuis déjà 50 ans.

Ce qui marque immédiatement à travers cet effort du groupe emmené par James Bagshaw, est donc son furieux don pour le pastiche Beatlesien. C'est ce que certains reprochent à l'album, et à toute la génération de back to basics psychédélique: l'impersonnalité de leur musique. Toutefois, l'on est en droit de se demander ce qu'il reste à inventer concrètement pour les groupes pop d'aujourd'hui, tant leurs glorieux prédécesseurs semblent avoir tout défriché. Inutile d'attendre en 2014 l'inventivité, le génie de 1967, et l'on peut tout à fait, partant de là, se satisfaire d'un groupe qui certes n'invente rien, mais joue de manière efficace, précise, sait écrire de bonnes chansons et sortir des disques attachants. Ca tombe bien, c'est ce que Temples sait parfaitement faire.

Sun Structures est un album qui ne se perd jamais dans des dédales sonores psychédélico-chiants chers à Tame Impala. Les chansons y gagnent en potentiel et l'album en homogénéité. En somme, tout y demeure d'une efficacité redoutable, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Le groupe sait torcher de véritables petits tubes en puissance comme Keep In The DarkMesmerize ou The Guesser, qui ont pour eux des refrains attachants et addictifs. Et de temps en temps, ils s'offrent des merveilles un peu moins accessibles mais non moins charmantes, prenons à témoin ce Colours To Life magnifique qui se révèle au fil des écoutes, ou encore le sommet de l'album, Move With The Season, vrai chef d'oeuvre saisissant et puissant aux envolées mélodiques poignantes, qui savent aller chercher là où ça fait du bien.

Tout au plus, l'on peut arguer que la fin de l'album, avec le long Sand Dances et l'outro acoustique Fragment's Light, est moins marquante que le reste, mais ça, c'est uniquement si l'on veut pinailler. Sun Structures demeure une première oeuvre maîtrisée et ambitieuse, qui s'inscrit parmi les meilleurs crus de 2014. C'est même, à titre personnel, mon album de l'année so far, avec le sublime Morning Phase de Beck. Le plus difficile pour Temples sera de confirmer; reste que leur potentiel et leur talent ne sont d'ores et déjà plus à prouver.

1. Shelter Song (3:10)

2. Sun Structures (5:12)

3. The Golden Throne (4:10)

4. Keep In The Dark (4:36)

5. Mesmerize (3:42)

6. Move With The Season (5:10)

7. Colours To Life (5:12)

8. A Question Isn't Answered (5:12)

9. The Guesser (4:06)

10. Test Of Time (3:53)

11. Sand Dance (6:31)

12. Fragment's Light (1:57)

13 juillet 2014

Il revient... !

Ouais, des fois, il a envie de revenir.

Koamae's Many Moods, du haut de son titre pompé sur un vieil album de Roy Orbison, est le fils légitime de Blog'n'Rock et du Ciné de Koa, deux blogs autrefois tenus par un même auteur, qui des fois se surprend lui-même à parler de lui à la 3ème personne - à savoir moi, Koamae.

J'avais donc un blog musical et un blog orienté cinéma. Cette organisation était plaisante les premiers temps, fatiguante sur du long terme. Cela obligeait en effet à rester toujours dans la même chapelle culturelle selon le blog, sans pourtant avoir forcément envie de parler de musique ou de films. De plus, deux blogs représentent beaucoup à gérer, et avec le boulot qui s'amoncelle au fur et à mesure que les études avancent, leur gestion devenait de plus en plus compliquée, occasionnelle, jusqu'à devenir inexistante - fruit d'une démotivation sans scrupules.

Toutefois, cela fait quelques temps que j'ai envie de m'y remettre. Je crée donc ce blog dans une incertitude certaine. Incertitude d'avoir assez d'envie et de motivation pour le tenir longtemps et fréquemment. Mais au moins, il me servira lorsque j'aurai quelque chose à y dire, pas trop de flemme pour y écrire.

La première règle, c'est: pas de thème. Ce blog aura une vocation culturelle, sans doute centrée sur la musique, le cinéma, mais je me permettrai aussi d'y parler de livres, de sport, ou tout simplement d'y publier des illuminations d'une humeur d'un jour - d'où par ailleurs le titre de ce blog. Puisse cette formule être plus motivante !

Bonne lecture !

Koamae

Publicité
Publicité
Koamae's many moods
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité